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Alain Poher (17 avril 1909 à Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne) - 9 décembre 1996) fut un homme politique français, membre du Mouvement républicain populaire (MRP), et président de la république française par intérim.
Biographie
Alain Poher est issu d'une famille de moyenne bourgeoisie bretonne qui prétend descendre de l'antique maison de Poher et par elle des ducs de Bretagne.
En politique, il subit l'influence du personnalisme d'
Emmanuel Mounier. En
1938, il entre au Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie et est rédacteur de troisième classe. Durant la guerre, il entre en contact avec le réseau
Libération-Nord. À la Libération, il reste dans son ministère, tout en ayant présidé le comité d'épuration.
Chef des services sociaux du ministère à la Libération, il rejoint Robert Schuman dont il est le directeur du cabinet. De 1948 à 1952, il est commissaire général aux affaires allemandes et autrichiennes; il présidera également l'Autorité internationale de la Ruhr.
Presque un demi-siècle au Sénat
Il est élu au Conseil de la République en
1946 puis constamment réélu, sauf pour la période
1948-
1952, et siège au
Palais du Luxembourg jusqu'à
1995 comme MRP ou
Union centriste. Il fut président du groupe MRP de la Haute Assemblée. Il est
Secrétaire d'État au Budget dans les deuxième cabinet Schuman et Gouvernement Henri Queuille (1) du 5 septembre au
20 novembre 1948, puis secrétaire d'État à la marine du
11 novembre 1957 au
14 mai 1958 dans le cabinet
Félix Gaillard. Il assiste à la fin de la Quatrième République.
Président par intérim et candidat à l'Élysée
Il préside le Sénat du
3 octobre 1968 au
1er octobre 1992.
Il est également Président de la République par intérim à deux occasions.
Il exerce l'intérim une première fois du 28 avril au 16 juin 1969 après la démission de Charles de Gaulle. Candidat à cette occasion à l'élection présidentielle de 1969, il est battu au second tour par Georges Pompidou. Alain Poher recueille 5 268 613 suffrages au premier tour (23,31 %) et 7 943 118 au second (41,79 %). Les communistes qui avaient présenté Jacques Duclos ne choisissent pas entre "bonnet blanc et blanc bonnet". Poher est soutenu par la droite non gaulliste et les socialistes.
Il exerce l'intérim une seconde fois du 2 avril au 24 mai 1974 après la mort de Georges Pompidou et avant l'élection de Valéry Giscard d'Estaing.
Alain Poher a estimé dans son autobiographie qu'il avait connu la première cohabitation de l'Histoire en raison des misères que les ministres du général de Gaulle lui firent subir lors de sa première présidence par intérim.
Pendant toute sa vie, Alain Poher manifeste de très fortes convictions européennes. Il tente de convaincre de Gaulle de renoncer au référendum sur la réforme du Sénat en 1969. Il saisit le Conseil constitutionnel qui annule le projet de loi sur la liberté d'association de
Raymond Marcellin et
René Pleven en
1971. Cet évènement marque "la seconde naissance du Conseil Constitutionnel" comme l'a très justement relevé le Professeur
Pierre Avril.
Il profite de son second intérim pour déposer les instruments de ratification de la Convention européenne des droits de l'homme. Cette convention signée par la France en 1950, n'avait jamais été ratifiée par le pouvoir gaulliste. C'est avec en mémoire lad conviction de son mentor, Robert Schuman, qu'Alain Poher a ratifié, en qualité de Président de la République par intérim, la convention européenne des droits de l'Homme. Il viendra symboliquement en témoigner lors des 25 ans du Conseil de l'Europe le 6 mai 1974. Il veille à la régularité des opérations électorales de 1974 dans la France d'outre-mer qui pouvait jouer un rôle décisif pour départager Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand lors de l'élection présidentielle. Il préside les cérémonies marquant le centenaire du Sénat en 1975. Avec la gauche au pouvoir dès 1981, il s'efforce au dialogue mais en 1984, il rejette la révision constitutionnelle sur les libertés proposée par Laurent Fabius.
Fonctions gouvernementales et présidentielles
- Secrétaire d'État au Budget dans le deuxième gouvernement Schuman (du 5 au 11 septembre 1948).
- Secrétaire d'État au Budget dans le premier gouvernement Queille (du 11 septembre au 20 novembre 1948).
- Secrétaire d'État aux Forces armées (Marine) dans le gouvernement Félix Gaillard (du 11 novembre 1957 au 14 mai 1958).
- Président de la République par intérim du 28 avril au 16 juin 1969 et du 2 avril au 24 mai 1974.
Autres titres
Mandat de sénateur
- Sénateur du Val-de-Marne de 1946 à 1995.
- Président du Sénat du 3 octobre 1968 au 1er octobre 1992.
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur (reçu en 1950 des mains de Robert Schuman).
- Croix de guerre 1939-1945.
- Médaille de la Résistance.
- Grand officier de l'ordre du Mérite de la République italienne.
- Grand-croix de la Couronne de chêne du Luxembourg.
- Grand-Croix du Mérite de l'Ordre souverain de Malte.
Liens externes